Je vais écrire et j’écrirais jusqu’à ce que l’écrasement de
mes doigts sur les touches du clavier les fasse saigner, du rouge le plus
profond et le plus noir qui soit. Je vais écrire jusqu’à ce que la moindre once
de fatigue pénètre mon intérieur et alors je pourrais m’imaginer être mort
d’écriture.
J’ai bien essayé par d’autre moyen, mais ça fait trop mal, c’est trop technique, c’est impossible.
J’ai bien essayé par d’autre moyen, mais ça fait trop mal, c’est trop technique, c’est impossible.
Et alors quand bien même il ne restera que quelques une de
mes phalanges je continuerais de frapper. Et quand je n’en serais qu’à un
résultat brouillon de moignon, comme ceux que taillent les internes en médecine
pour leur première fois, je frapperais, de tout mon long, le crâne en avant,
sur ce putain de clavier. Et ainsi, je continuerais d’écrire.
On sera bientôt en capacité de se déplacer où bon nos yeux
nous emmènent. Tu te couches dans l’herbe un soir d’été et tu fixes l’espace.
Et là, boum, t’es dans l’espace. T’imagine le truc ? On peut tenir un
certain temps dans l’espace. Quelques minutes plus ou moins. Alors ça te donne
le temps, pendant que tes yeux sont encore dans leur orbite, et que toi-même tu
es encore en orbite, de revenir à un endroit plus clément, comme une côte
française, toujours en été.
Et c’est à ce moment-là, quand nous aurons triomphé de la
mort, quand nos paroles résonneront dans la tête de tous les autres êtres
humains avant même qu’ont les aient formulées, quand l’espace se résumera à nos
yeux, quand ni la nature, ni ce qu’elle ait pu nous donner à boire, n’aura pas
été remplacé par quelque chose d’humain, c’est à ce moment-là que nous serons
heureux. Je suppose. Enfin c’est ce que nous voulons, non ?
C’est bien là l’intérêt d’une telle machine, pas vrai ?
Une victoire triomphale de l’homme rebelle sur tous ses dieux. Cracher sur tout
ce qui a été donné, créer tout ce qui nous a toujours manqué. Des machines
capable de combiner d’autre machines, combinant elle-même nos souvenirs, notre
conscience et notre logique. Devenir le créateur d’une machinerie bien plus
parfaite que nous. Devenir le créateur et ordonner à nos créations. La
frustration originelle.
Je me demande ce que va devenir le sexe. Quelle amélioration
serons-nous en mesure de vendre aux utilisateurs accablés ? Un suppresseur
de sueur ? Un énième organe reproducteur, conçu uniquement pour le
plaisir ? Je me demande ce que va devenir l’amour.