dimanche 2 mars 2014

On ne se réveille pas de l'enfer quand on ne dort pas

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Les gens sont si sales ces derniers temps. J'ai l'impression qu'il n'y a plus de candeur en ce monde. Comme si tous les êtres humains se souvenaient avoir été des porcs, et aspiraient à y revenir.

Je l'imagine se faire prendre par tous les sens, se salir, rire, les yeux révulsés, la langue gonflée de désir. Je les vois horde à lui passer dessus, avec leur grosses mains encore grasses du cassoulet de midi. Ils rient à gorge déployée, d'une telle salope, et ils rient de moi.

C'est comme si le serpent parlait avant moi. C'est comme si plus rien d'autre que le réel le plus sombre ne gagnait du terrain. Comme si derrière chaque noblesse se cachait un charnier.

Je l'imagine se faire taire, se tirer les cheveux, je vois le gosse en lui chialer comme un hystérique, comme un prisonnier qu'on sort de sa cage, et qui déjà pousse la ritournelle du malheur et de la souffrance et de tant d'années à ne savoir quoi faire face à tant d'acharnement.

C'est comme si tout ce qu'il y avait de beau en ce bas monde portait une petite mention spéciale : des millions d'âmes humaines se sont crochetés les tripes, tordus les boyaux, la mâchoire raclée à même le sol rugueux. Des millions de corps en charpie. Le produit de ce spectacle.