dimanche 5 avril 2015

Wodaabes

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Un post par mort. La philosophie de l'arbre qui grandit dans les entrailles de celui tombé avant lui

Je n'ai pas de regret pour les choses que je n'ai pas faite dès lors que je sais que quelqu'un d'autre s'y attelle.
Ma conscience n'est qu'un morceau, je respire par celle de tout le monde. Je suis leurs yeux, ils sont les miens. Et tant que je défriche ce à quoi personne d'autre ne touche, je reste essentiel.

Et les objectifs déçus des amants éclatés, et la moiteur de la raison sur le monde, je ne m'en préoccupe pas.

J'ai entendu parler d'une tribu de nomade qui vénère le beau. Est ce possible de voir encore le beau sans son cortège d'hypocrisie quelque part dans le monde

Ils se fardent la gueule et se peignent les lèvres au charbon noir, et dans leurs danses exaltées le soleil rayonne tout du long dans le blanc de leur yeux et dans l'émail parfaite de leur dents.

mercredi 1 avril 2015

Petit aparté en carton pâte

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Teddy est debout devant sa glace de salle de bain carrelée, l'encadrement du miroir est recouverte d'une épaisse pâte de poils et de poussière conglomérée. Teddy ouvre une bière sans regarder, fixant son portrait comme il ne l'avait plus fait depuis ses vingts ans, lui qui en a maintenant soixante six.

Le pscht de la bière sonne le glas d'une série d'effronteries à l'égard de toutes les règles épuisantes inhérentes à l'appart de Teddy, on est en pleine semaine et en début de matinée, il est dans sa salle de bain en calbute. Sa femme l'aurait ramené à la raison, si elle n'était pas morte quelques années plus tôt. Elle seule savait et pouvait le faire, et maintenant qu'elle n'est plus là, Teddy s'en bat.






Bref il se matte depuis tellement longtemps qu'il nique la rythmique de mon histoire, le centre de son attention : entre les deux yeux. Car ce matin en se réveillant notre très cher ne voyait plus double mais triple. Triple. Triple épaisseur, cataracte, myopisme et tralala.
 Avec une chiée de couleurs qu'il n'avait encore jamais vu
 Avec les intentions et les réflexions des gens dans la rue qui résonnent dans sa tête.


Au dessus du nez de Teddy s'ouvrait et se refermait calmement un autre oeil que les autres, semblable en tout point mais avec cette lueur interdite. Teddy est en bad.


Dans la rue il porte un bonnet qui fait visière et ça le gratte. Il galère à marcher et à comprendre avec cet oeil fermé, tout le monde croit qu'il est bourré et à vrai dire il l'est un peu, alors ça passe.

L'évolution n'est pas sensée être pour les vieux, se raisonne Teddy. Les vieux sont sensés creuser dans le miroir de leur certitudes de merde pour aller se promener dans leur canyons le week end. Il n'est pas prêt il est trop tard, quand les gens lui parlent il entraperçoit leurs fantasmes et leurs cauchemars.



Alors le mec finit par se ressaisir, dans son appart tout bricolé pour pas qu'on puisse le voir, sur-blindé de lampes halogènes pour pas sombrer dans le noir, il prend un café avec sa femme.