vendredi 18 juillet 2014

"Et il lui écrase les yeux à coups de talons"

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Je vais écrire et j’écrirais jusqu’à ce que l’écrasement de mes doigts sur les touches du clavier les fasse saigner, du rouge le plus profond et le plus noir qui soit. Je vais écrire jusqu’à ce que la moindre once de fatigue pénètre mon intérieur et alors je pourrais m’imaginer être mort d’écriture.
J’ai bien essayé par d’autre moyen, mais ça fait trop mal, c’est trop technique, c’est impossible.


Et alors quand bien même il ne restera que quelques une de mes phalanges je continuerais de frapper. Et quand je n’en serais qu’à un résultat brouillon de moignon, comme ceux que taillent les internes en médecine pour leur première fois, je frapperais, de tout mon long, le crâne en avant, sur ce putain de clavier. Et ainsi, je continuerais d’écrire. 

On sera bientôt en capacité de se déplacer où bon nos yeux nous emmènent. Tu te couches dans l’herbe un soir d’été et tu fixes l’espace. Et là, boum, t’es dans l’espace. T’imagine le truc ? On peut tenir un certain temps dans l’espace. Quelques minutes plus ou moins. Alors ça te donne le temps, pendant que tes yeux sont encore dans leur orbite, et que toi-même tu es encore en orbite, de revenir à un endroit plus clément, comme une côte française, toujours en été.




Et c’est à ce moment-là, quand nous aurons triomphé de la mort, quand nos paroles résonneront dans la tête de tous les autres êtres humains avant même qu’ont les aient formulées, quand l’espace se résumera à nos yeux, quand ni la nature, ni ce qu’elle ait pu nous donner à boire, n’aura pas été remplacé par quelque chose d’humain, c’est à ce moment-là que nous serons heureux. Je suppose. Enfin c’est ce que nous voulons, non ?

C’est bien là l’intérêt d’une telle machine, pas vrai ? Une victoire triomphale de l’homme rebelle sur tous ses dieux. Cracher sur tout ce qui a été donné, créer tout ce qui nous a toujours manqué. Des machines capable de combiner d’autre machines, combinant elle-même nos souvenirs, notre conscience et notre logique. Devenir le créateur d’une machinerie bien plus parfaite que nous. Devenir le créateur et ordonner à nos créations. La frustration originelle.

Je me demande ce que va devenir le sexe. Quelle amélioration serons-nous en mesure de vendre aux utilisateurs accablés ? Un suppresseur de sueur ? Un énième organe reproducteur, conçu uniquement pour le plaisir ? Je me demande ce que va devenir l’amour.